« Quelles que soient les origines de cette agression, cette attaque a un relent d’antisémitisme aussi révoltant que les relents racistes qui accompagnent les agressions contre les immigrés. » « Toutes les formes de racisme, de xénophobie et d’antisémitisme sont intolérables » et « seul le dialogue entre jeunes de toutes origines permettra de résoudre cette détestable situation qui nourrit la violence » extraits du communiqué de la LCR.
D’emblée donc, la LCR oppose les racismes : bon, oui d’accord, un juif merde ça craint, mais bon les autres aussi hein, attention, c’est des victimes aussi…
Pas besoin de faire un effort d’imagination pour s’imaginer ce que la LCR nous aurait pondu si ce même juif avait été agressé par des « hooligans ». Ce coup-là, c’est sur, le nazisme serait de retour. Nul ne serait besoin de « dialogue entre jeunes ».
J’ai donc attendu un peu avant de publier quelque chose sur cette tentative de meurtre parce qu’à contrario de « l’affaire du mariage annulé » j’étais sur que celle-ci allait évoluée. Dans les média, évidemment.
On a d’abord dénoncé un « acte antisémite » demandant « une justice implacable » le tout évidemment sur fond « d’émotion » et ce dès le 22 Juin. (Le figaro)
Le 23 Juin, le ton a déjà changé, le manichéisme n’est plus de mise : « Les habitants du XIXe arrondissement de Paris sont partagés entre incompréhension et stupeur » et si vous ne comprenez pas on ajoute un « témoignage » :
« Non, vraiment on ne peut pas dire qu’il y ait une montée des tensions entre les communautés. Je suis musulman et cela n’empêche pas des clients juifs de venir manger chez moi… Attention à ne pas tout confondre » (Libération)
L’acte antisémite devient alors « probable » (Le Figaro)
« On ne retient pas une volonté d’agresser particulièrement une personne d’origine juive mais un membre de cette bande de jeunes juifs », a précisé le procureur mardi. Il parle d’ »antisémitisme par conséquence du phénomène de bande ». Deux jours après ce passage à tabac, les enquêteurs s’étaient toujours montrés très prudents car des témoignages remettaient en cause la version de l’agression purement antisémite dénoncée dans un premier temps par plusieurs représentants de la communauté juive. Des témoins de l’agression ont tout de même entendu des injures et des insultes antisémites. » (Europe1)
Le même jour, on apprend que « L’adolescent agressé ce week-end, avait été placé en garde à vue le 9 décembre 2007, après des « incidents à caractère intercommunautaire ». »(Libération)
Si l’adolescent a pris part à d’autres « incidents » c’est qu’il n’est plus tout rose.
Le 25 Juin Grioo.com titre : « Violences dans le XIXe arrondissement : « antisémitisme par incidence« . Plus question ici de Juif ou de victime, on peut être antisémite par « incidence ». ça fait bien comme mot surtout dans un titre. Mais qui sait qu’il veut dire « conséquence » ?
ça me rappelle le meurtre d’Ilan Halimi par un « gang de barbares» à l’«antisémitisme par amalgame»…
S’ensuivent alors des « rumeurs ». Logique puisque la vérité tarde à venir… ou plutôt à être officielle :
Le jeune homme ferait partie du Betar (honte suprême !). La vérité est qu’il fut déjà arrété pour un affrontement « à caractère intercommunautaire ». Il portait un casque de moto à la main ou suivant les versions un ou des « poings américains »… (http://www.france-info.com/spip.php?article151974&theme=9&sous_theme=11)
« Il y a un mauvais climat en ce moment dans le XIXe arrondissement , estime Emmanuel Brenner, auteur du livre Les Territoires perdus de la République (Mille et une Nuits, 2002). J’y vois la convergence d’un antijudaïsme d’origine maghrébine, traditionnellement exacerbé par le conflit du Proche-Orient, et d’une déshérence liée au chômage de masse de cette jeunesse là et de celle originaire d’Afrique. Cet antisémitisme relève d’un phénomène plébéien marqué par le ressentiment social. »
Qui faut-il croire ? Libé ou Brenner ? Mauvais climat ou paisible co-existence ?
Nous nous sommes rendus sur place pour comprendre pourquoi ce drame local a été propulsé à la une des médias.
20h00 avenue Jean Jaurès. Un soir d’été à la chaleur lourde. La température pousse au regroupement dehors, sur le trottoir, en terrasse. Un premier groupe, quatre jeunes rebeus, la vingtaine. Le premier que nous abordons est méfiant, mais il accepte tout de même de nous parler.
Les médias, ils en ont vu beaucoup ces derniers jours et ils ne leur accordent aucune confiance. L’affaire, l’agression, c’est une histoire gonflée par les journalistes, nous disent-ils. Au delà du drame personnel, il n’y aurait pas de problème. « L’ambiance est nickel,même si on galère. Ce sont les médias qui raclent là où ça vend, qui viennent foutre la merde« , nous dit Amza, 23 ans, jeune technicien EDF. C’est le plus volubile des quatre et il avoue ne plus donner aucun crédit aux médias. »La plupart des télés, je ne les regarde même plus, sauf Al-Jazeera et BFM TV« . Ils insistent : avec les juifs, « il n’y a pas de tensions ». Ils ont des potes juifs. Il existe certes des préjugés, mais comme il en existe sur les Français ou sur les noirs. Ils dénoncent un traitement différent des incidents par les médias selon l’origine de la victime.
Un peu plus loin, sur l’avenue, un autre groupe bigarré de jeunes : trois noirs, un arabe, un Français. Même méfiance d’emblée, mais très vite ils se lâchent. Le plus volubile, gouailleur, c’est Dicsa – un surnom (note : verlan de sadique !). Les jeunes qui ont fait ça « ce sont des petits cons », ils les connaissent. Eux, ils n’ont rien à voir avec tout ça. Avec les juifs, il n’y pas de problème. « Les embrouilles, c’est entre des jeunes qui cherchent la merde. Il y a toujours des gars de différentes communautés qui se regardent mal, qui s’embrouillent pour des histoires de scooters ». Là encore, les médias sont dans le collimateur : « A force de parler de tout ça, ils vont finir par monter les gens les uns contre les autres« . Pour Dicsa, ce qu’ils veulent dans le quartier, c’est juste qu’on les laisse tranquilles. Toutes ces histoires « c’est mauvais, ça casse le business« . Leur préoccupation au quotidien, dit-il, ça n’est pas de « casser du juif », mais « de faire du biz, de l’argent ».
http://observers.france24.com/fr/content/20080627-agression-juif-antisemitisme-fete-musique-media-quartier
Comme disent les commentaires : « à force de manipuler l’information, les médias vont faire monter l’antisémitisme » ?
Comme à l’accoutumée lorsqu’une affaire n’est plus aussi surement manichéenne que le méchant blanc/nazi/bourgeois versus le pauvre/immigré/défenseurdesdroitsdel’homme, on ne sait plus quelle attitude avoir et la presse finit inévitablement par être accusée de récupération. Quelle est la bonne attitude ? Semble crier les médias, la police (le gouvernement peut faire des ronds de jambe et des volte-face, il est habitué à ce genre d’exercice diplomatique)…
PERSONNE, oh non personne, n’osera ne serait-ce qu’aborder le problème religieux. Je suis pourtant d’accord sur le fait que le « problème » palestinien ou le « ressentiment social » peuvent être une partie des raisons de l’agression. Mais, si on ne peut pas tout réduire au problème de l’islam, il conviendrait aussi de ne pas l’ignorer. Les appels à la haine des Juifs par certains imams sont pourtant l’objet de poursuites actuellement.
Ce qui est sur c’est que de continuer de croire qu’il s’agit simplement de deux bandes de voyous s’affrontant c’est se foutre le doigt dans l’oeil comme déjà nous l’avons fait avec les « tournantes ». En refusant d’appeler un chat un chat (en l’occurrence des « viols en réunion à caractère raciste »), en refusant d’aborder tout ce qui fait problème, nous ne pouvons résoudre quoi que ce soit.
Les médias comme les partis comme certains membres des « communautés » semblent tout à coup être très soucieux de ne pas faire d’amalgame. Mais qui se soucie de l’amalgame « flic=tueur » lorsque deux voleurs sont tués dans un accident avec des policiers et que des émeutes s’ensuivent ? Lorsqu’un policier est tué dans une fête foraine par un « jeune » sans manifestation de soutien pour la victime ? Qui se soucie de simplement raconter la réalité lorsque des viols sont perpétrés au Printemps de Bourges et que des agressions ont lieu au cri de « sale blanc » au lieu de laisser le peuple dans l’ignorance par peur de créer une phobie ?
Je tiens également à préciser que si personne n’était intervenu Rudy serait probablement mort, les « jeunes » lui sautant dessus à pieds joints alors qu’il était à terre.
Ce jour-là, vers 16 heures, deux bandes, l’une composée de jeunes juifs, l’autre de jeunes Noirs, s’affrontent, comme elles l’ont déjà fait le 10 juin, puis le 13. Dans la bagarre, David, 20 ans, pris à partie, perd sa chaîne avec une étoile de David. A 17 heures, il décide de retourner la chercher, accompagné. Les heurts reprennent. Kevin, mineur, a le bras entaillé par une machette. Un autre est frappé dans le dos. Pourtant, au moment des faits, aucun ne portera plainte. Le troisième épisode se déroule vers 19 heures, lorsqu’un groupe de jeunes juifs se rassemble dans la rue. Mais ils sont inférieurs en nombre aux jeunes Noirs. Rudy H., 17 ans, se retrouve isolé. Coincé contre le portillon d’un parc, il est sauvagement battu. « Les témoins décrivent un massacre ou un lynchage », a expliqué, mardi 24 juin, le procureur de la République, Jean-Claude Marin, en annonçant l’ouverture d’une information judiciaire. (Le Monde)
Voici enfin, un exemple pourtant vieux de 6 ans de ce qui se passait à Sarcelles. Là encore, je précise que je ne généralise pas. Mais ignorer ces faits, c’est ignorer qu’il existe vraiment un antisémitisme autre que celui, bien identifié et condamné par tous, d’extrème-droite. Même si on peut croire qu’il s’agit d’une « transposition » de l’intifada en France, la réaction du MRAP est édifiante :
» Sarcelles est devenue une ville ultra-communautaire. Cela a d’abord engendré une forme de méfiance, puis du racisme « , note Mourad Boughanda, jeune conseiller municipal issu d’une liste indépendante. Marc Djeballi, le président de la communauté juive, refuse » de sombrer dans la paranoïa « . Il se dit toujours » heureux d’habiter Sarcelles « . Pour l’instant. Mais demain ? » Oui, nous nous affolons, confie ce médecin. Chaque jour, une dizaine d’actes d’origine criminelle atteignent notre communauté. Comment voulez-vous que nous vivions tranquillement ? «
Les juifs qui habitent autour de la synagogue racontent qu’ils essuient quotidiennement injures, jets d’œufs et autres humiliations. (note : Je ne pense pas que les musulmans vivent une situation semblable ni même l’ont JAMAIS vécu en France) Pour Marc Djeballi, la cause ne fait aucun doute : » Il s’agit bien d’actes antisémites. » Deux fois incendiée et plusieurs fois saccagée, l’école juive Tiferet Israël cristallise ces tensions. Moshe Bellity, le proviseur est fatigué. » Si j’en avais la possibilité, je crois que je partirais, même si c’est très dur. » Impuissant, il ne sait plus quoi faire : » La première fois qu’il y a eu le feu, le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) nous a adressé son soutien. Cette fois-ci, ils ne se sont pas manifestés. «
http://www.esj-lille.fr/atelier/magan2/teo/actu.html